2017, année du Maroc en Afrique et ce n’est pas fini

Le moment qui restera gravé dans les mémoires fut celui du discours du Roi Mohammed VI le mardi 31 janvier 2017 dans la capitale éthiopienne Addis Abeba. Dès ce jour-là, le Maroc a siégé comme membre de plein droit, malgré les ultimes manœuvres de quelques pays hostiles. Tout laisse penser que le déploiement marocain sur le continent n’est pas terminé. La Cedeao est en ligne de mire et pas seulement.

 

Le lundi 30 janvier 2017, le sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement avait avalisé le retour du Maroc.

Ce retour du Maroc est un renversement complet de situation. L’Afrique est indispensable au Maroc aussi bien pour des raisons géostratégiques que diplomatiques. La politique de la chaise vide pratiquée depuis 1984 a laissé libre cours aux thèses adverses.

La manière dont le retour est effectué est une leçon de patience et de travail continu.

Dès 2002, le Roi commence une série de voyages que l’on peut qualifier de reconnaissance et d’immersion. C’est d’abord l’Afrique occidentale francophone qui est visée. Les différents pas sont menés un par un. Le retour au sein des cénacles africains est un aboutissement, pas un coup diplomatique.

A partir de 2014, l’idée d’une adhésion à l’U.A. fait son chemin chez les décideurs marocains. Commence alors la planification de la dernière ligne droite dans le plus grand secret.

En juin 2016, le président Kagamé du Rwanda est invité au Maroc. Médias24, au courant de ce qui se prépare mais ne pouvant éventer les plans marocains, titre sur un “événement politique et stratégique“.

Le mois suivant, en juillet 2016, sommet de l’UA et le Roi Mohammed VI déclenche alors dans un message adressé au sommet, le processus d’adhésion du Maroc.

Le lundi 30 janvier 2017, l’adhésion du Maroc à l’UA est prononcée comme le voulait le Maroc, par acclamations et consensus, malgré quelques éclats de voix hostiles, de la part de l’Algérie, la Namibie, l’Afrique du Sud et de l’Angola. Trois semaines plus tard, à la surprise générale, le Maroc demande son adhésion à la Cedeao.

Le Maroc en Afrique: économie, sécurité alimentaire, Islam, lutte anti-terroriste

Tout a été dit ou presque sur les liens économiques patiemment tissés avec les pays d’Afrique subsaharienne.

Quels sont les autres atouts déployés par le Maroc?

Ils ne sont pas forcément les plus médiatisés. Citons l’atout religieux (formation d’imams par exemple), la sécurité alimentaire à travers la fourniture ou la production d’engrais et enfin la lutte contre le terrorisme. Il s’agit donc de sécurité dans le sens le plus large.

Le mégaprojet de gazoduc Nigéria-Maroc, appelé à traverse l’Afrique de l’Ouest, fait également partie des atouts déployés par l’imagination marocaine.

Le renseignement, un atout de taille

En avril 2014, la télévision officielle algérienne diffuse un document intéressant. Le président Bouteflika reçoit le secrétaire d’Etat américain John Kerry qui s’enquiert de ce que les USA pourraient faire pour l’Algérie. Bouteflika répond: le renseignement. Il précise qu’il demande du renseignement en temps réel sur ce qui peut se passer dans le sud algérien ou au Sahel (vidéo).

Avec la mise en orbite du satellite Mohammed VI-A le 7 novembre 2017, le Maroc dispose et pourra faire disposer ses alliés et amis d’images de ce qui peut se passer dans leurs régions. Un second satellite est prévu en 2018, ce qui va améliorer encore plus les possibilités d’observation: d’une part, il sera possible de reconstituer les images en 3D et d’autre part, les orbites vont se compléter.

Ces satellites sont dotés d’un matériel de prise de vue avec une résolution de 70 cm, y compris la nuit ou par temps couvert. Ils sont les seuls en Afrique à avoir cette capacité.

On peut donc penser que des pays comme le Nigéria (Boko Haram), le Tchad, le Mali, le Niger ou le Cameroun, voire la Libye, le Tunisie ou l’Egypte (Sinaï), pourraient avoir besoin des images marocaines.

Après l’économie ou la sécurité alimentaire, le gazoduc ou la formation religieuse, les satellites constituent une formidable projection de puissance sur le continent. Les satellites mais également l’expertise marocaine en matière de lutte anti-terroriste.

L’importance stratégique du continent africain pour le Maroc se traduit par la naissance d’intérêts économiques, politiques et humains. C’est un défi énorme qui nécessite de se doter de moyens d’intervention en cas de besoin. Par exemple, le contingent marocain de maintien de la paix en Centrafrique subit régulièrement des attaques. On peut penser que les forces spéciales marocaines ont été ou pourraient être déployées dans un avenir proche pour protéger les soldats marocains des forces de maintien de la paix.

Une puissance regionale ou continentale ne peut être prise au sérieux que si elle est dotée de capacités militaires dissuasives, notamment pour protéger ses alliés en cas de besoin.

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