Enquête /Cote d'Ivoire: Des reseaux aident des femmes à tromper leurs Maris. Voici ce qu'elles recherchent!
Des réseaux essentiellement composé de femmes qui aident de femmes mariées à tromper leur mari existe sur les bords de la lagune Ebrié. Et sa naissance, l’idée fait son chemin. Ce réseau bien organisé fait tourner son business à la grande joie de nombreuses femmes. Récit exclusif d’une double vie au féminin, où le sexe a toujours raison, a fortiori, toutes les raisons que la raison n’ignore pas forcément.
Mais, comment sont nés ces réseaux ? Comment fonctionnent-ils ? Qui sont les femmes mariées qui les sollicitent ? Qui en sont les promoteurs ? Le récit exclusif de cinq semaines au cœur de cet univers singulier vu de l’intérieur d’un de ces réseaux à Abidjan, et reconstitué à partir du témoignage de membres affirmés, éclaire d’un jour nouveau l’infidélité conjugale au féminin, portée par un business carrément effarant et parfois surréaliste.
Un réseau d’infidèles bien structuré
Samedi, 11 octobre… Dans un studio, difficile de ne pas être impressionné : air conditionné au Split, sol carrelé, tapis moelleux au pied d’un divan fort confortable, grand lit avec deux ou trois nounours ça et là, petite table basse décoré d’un pot de fleurs synthétiques, tenture bleue fleurie à la fenêtre. Au pied du lit, une télé Plasma de 21 pouces, fixée au-dessus d’un petit buffet incrusté d’un mini réfrigérateur gris métal. A gauche, jolie salle de bain légèrement entrebâillée… Le cadre est enchanteur. Un véritable nid d’amour. Qui n’était venu et n’était là, ce soir-là, que «pour un petit moment de détente», avait prévenu, directe, celle qui ‘’travaille’’ sous le pseudonyme Miss Méah.
La quarantaine environ, Miss Méah est, en effet, la véritable locataire de ce studio meublé cinq étoiles. Et pour cause, officiellement dans «la Coiffure et la restauration», Miss Méah est aussi et surtout une entremetteuse de grand cru. Avec un physique fort agréable, l’abord facile et le bagout… porté par une maîtrise remarquable de la langue de Molière. Et aussi de Shakespeare.
Un pedigree qui fait d’elle l’une des opératrices-références de cet univers secret de l’infidélité conjugale qui a pris les courbes d’une véritable industrie du sexe à la sauce femme mariée. Avec plusieurs ‘’sociétés’’ ou réseaux constitués à travers Abidjan et qui «travaillent au bien-être des femmes mariées et transformées en tableau de décoration par leurs maris, mais aussi des femmes seules qui éprouvent souvent le besoin de quelques moments de détente…sexuelle», se défend Miss Méah, serieuse.
Très discrets, voire clandestins mais organisés comme de véritables agences-conseils spécialisées dans le ‘’management’’ des entreprises d’infidélités passagères ou de double vie de femmes (mariées), ces réseaux travaillent selon un système de jeu de rôle bien défini. Des bêtes de sexe à 50 000 FCFA. Primo, le casting : à la base, il se fait via les réseaux sociaux, notamment Facebook. Ainsi, l’Entremetteuse écume les profils Facebook d’hommes en général, entre 30 et 45 ans de préférence et, surtout, résidant dans le district d’Abidjan. Une fois la cible choisie, elle lui glisse, « inbox », ce message on ne peut plus direct : « Bonjour, je suis F.G. J’ai un groupe de femmes responsables, assez aisées mais qui se sentent seules. Pour des moments de tendresse, elles cherchent des hommes dispos et équilibrés pour faire l’amour en toute discrétion, sans engagement. En retour, vous êtes payés à 50 000 FCFA par rencontre. Totale discrétion assurée. Si vous êtes intéressés, prière me communiquer votre numéro. Je vous contacterai. On pourra aussi échanger par Mail. Merci ».
Cette nasse ainsi posée « inbox » permet de prendre quelques ‘’poissons’’ qui s’empressent d’envoyer leurs contacts téléphoniques, fort alléchés par le cocktail-appât ‘’sexe-plaisir-argent’’. Ils sont ensuite contactés par l’Entremetteuse pour un entretien dans un endroit impersonnel (café, bar, maquis, resto discret…). Après cette étape primordiale qui permet à l’Entremetteuse de jauger de visu la ‘’marchandise’’, le futur homme-étalon est inscrit dans un ‘’Carnet blanc’’ et mis en stand by en attendant ‘’l’appel’’ d’une « bonne dame ».
C’est-à-dire une cliente-membre du réseau qui en fera la demande à l’Entremetteuse. Dexuo, le test. A en croire Miss Méah, entre une et quatre semaines suffisent souvent pour qu’un ‘’appel’’ tombe. Une fois les formalités de la ‘’commande’’ bouclées, l’Entremetteuse active ‘’son’’ homme-étalon mis en stand by dans le ‘’Carnet blanc’’, pour son premier test… Qui sera suivi d’un deuxième, puis d’un troisième…peut-être d’un quatrième. Détail de taille : la ‘’confirmation’’ de l’Etalon dépend nécessairement des jugements que rendront les « bonnes dames » qui l’auront ‘’testé’’.
Ainsi, selon que la majorité l’aura estampillé comme « un bon coup » ou « un faux type », il est confirmé dans le ‘’Grand carnet’’ ou bouté hors du réseau… sans préavis ni explications. Naturellement, tout ce travail au corps repose sur le troisième pilier qui constitue le ‘’théâtre des opérations’’ : les indispensables garçonnières. Qu’elles soient localisées à Marcory, Koumassi Remblais ou Cocody, aménagées en ‘’appartements tout équipés’’ ou ‘’studios meublés’’ ou même en ‘’résidences secondaires’’, les garçonnières constituent le poumon de tout le système.
D’où les critères très pointus qui guident le choix des lieux. Et aussi la discrétion quasi-paranoïaque qui entoure les rendez-vous. En tout cas, toutes les dispositions imaginables et possibles sont prises par l’Entremetteuse pour garantir à la « bonne dame » la discrétion, la sécurité et la sérénité avant, pendant et même après son rendez-vous avec ‘’son’’ Etalon.
Comme dans ce studio du Plateau Dokui. Ici, tout respire l’appel de la chair, la pulsion des sens. Une ambiance savamment entretenue par la «bonne dame» qui vous accueille, vêtue très relax, presque sexy, un sourire mi-gêné mi-coquin au coin des lèvres, vous installe dans le canapé… Mais dès qu’on passe le cap des échanges de civilités très superficiels, bien d’illusions se dissipent tout de suite. Un sentiment bien troublant. Quelles que soient la tournure que prendront les événements, l’ambiance sympathique et intimiste qui prévaudra, impossible d’en apprendre davantage de la bouche de ces amazones du sexe. «Là-bas, on ne parle que de ce pourquoi on est là. C’est-à-dire des attentes de la bonne dame, de ses goûts, de ses fantasmes. Enfin, tout ce qu’il faut pour son plaisir, quoi ! Jamais de questions en dehors de ce cadre », avait prévenu Miss Méah. Et pour cause, subsiste une obsession :
l’infidélité conjugale au féminin ne bénéficie pas de la même tolérance que celle des hommes. Résultat : après tout un après-midi, ou tout un week-end ou encore toute une nuit passée à suer sang et eau pour ‘’détendre’’ une ‘’bonne dame’’, il arrive souvent, que l’Etalon, une fois ‘’libéré’’ et la prime (50 000 FCFA) empochée, se sente envahi par un sentiment bien troublant : à l’idée d’avoir à coucher avec de ‘’grandes’’ dames dont on ignore tout (véritable identité, profession, nationalité, provenance, contact, véritable situation matrimoniale…), on ne se sent pas vraiment à l’aise. Parce qu’ici, dans ce monde parallèle des femmes mariées qui se sont ‘’libérées’’, il leur faut un peu de tout, sans inhibition aucune pour tenir dans leur foyer, disent-elles.
Source : Willy Awély