Contribution: Faya Milimouno, ou l’impossible constance (Par Kadija Diallo)
Faya Millimouno veut imposer ses vues partout et s’emporte pour un oui ou pour un non. Verrouillé à tout consensus, il est en passe de devenir un épouvantail pour ses pairs, un allié indésirable dans une coalition politique, parce que versatile et incertain. Il a décidément la bougeotte. C’est à croire qu’il ne sait pas ce qu’il veut. En tout cas il ne s’entend avec personne sur l’échiquier politique guinéen, il rue dans les brancards lorsqu’on lui dénie son magistère. Faya veut toujours dicter sa loi aux autres. Sinon, c’est le clash !
Tenez, il quitte avec fracas le parti NGR d’Abé Sylla – son « ami d’Amérique » candidat malheureux à la présidentielle de 2010 – pour créer le Bloc libéral. Après avoir difficilement obtenu son agrément, il rejoint d’abord l’Opposition républicaine, qui regroupe notamment l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, l’UFR de Sidya Touré et le PEDN de Lansana Kouyaté. Puis il claque la porte et, soudain esseulé, il s’engouffre dans la Coordination de l’opposition extraparlementaire (COEP) fondée par Mohamed Lamine Kaba et Bouba Barry, respectivement transfuges du PNR et du RPG – qui se ressemblent s’assemblent. Et ensuite, la COEP ne trouve plus grâce à ses yeux, il s’en éjecte sans crier gare parce que, dit-il, « les ambitions nourries jusque-là par ses pairs ont été biaisées» et il y a « des divergences majeures de convictions politiques et des affirmations opaques ».
Dernier exploit, il quitte le dialogue interguinéen, le 6 octobre 2016, lorsque toutes les parties prenantes cherchaient une issue négociée à la crise politique. Il se justifie par des arguties qui ne révèlent encore une fois qu’un égo surdimensionné et des calculs politiques cousus de fil blanc. Il aime dire en privé que si Alpha Condé a accédé au pouvoir, c’est parce qu’il n’a jamais fait de compromis. Notons au passage son admiration secrète pour l’homme qu’il combat de toutes ses forces. Il fait de son ennemi son modèle. Comprenne qui pourra ! Notons surtout que compromis ne signifie pas compromission. L’un est dicté par le patriotisme, l’autre par l’arrivisme.
L’attitude de Faya Millimouno est pour le moins maladroite et incompréhensible. Pour maints observateurs, il est un perturbateur multirécidiviste, inconstant et insatisfait. Il faut être méfiant et prudent quand il se tourne vers vous. Car pour un rien, il vous enverra valdinguer. Comme un cactus, on ne sait jamais par quel bout le prendre.
Même Cellou Dalein Diallo, pourtant connu pour sa tolérance et sa pondération, s’est hérissé devant l’inconstance et le comportement dévastateur de Faya Milimouno. Le président du Bloc libéral est un homme politique imprévisible et intransigeant. Deux défauts qui en font un aventurier politique et un apprenti dictateur. Heureusement qu’il est trop peu populaire pour pouvoir accéder un jour au pouvoir. Ce serait une calamité pour la Guinée ! Pesant peu dans la balance politique, il cherche le grand chambardement de l’opposition qui, pense-t-il, fera rebattre les cartes et lui offrira des opportunités. Il veut émerger coûte que coûte de son statut de petit leader politique et il croit pouvoir y parvenir en navigant à vue.
« Nous allons consulter les uns et les autres pour prendre une décision (…) mais il faut aussi qu’un certain nombre de règles soit respecté (…) ça ne devrait pas être à l’origine de l’implosion de notre opposition. Je souhaite vivement que chacun revienne à la raison », a dit Cellou Dalein Diallo face aux sorties déplacées et à la conduite politique du président du BL qui fait désordre.
Pour sa part, l’UFDG, parti majeur de l’opposition, reste égale à elle-même. Elle fait sienne cette pensée de Napoléon III : « En politique il faut guérir les maux, jamais les venger. »
Faya a encore une chance de sauver ce qui peut l’être chez lui. Mais il doit se ressaisir dès maintenant. Demain, ce serait déjà trop tard !
Kadija Diallo
New York City, NY