Les vérités d'une dame politique à Cellou Dalein Diallo
Le dialogue politique inter-guinéen s’est achevé à la primature un mercredi 12 octobre 2016, après onze jours de débats, par la signature d’un accord, matérialisé par un document entre certains acteurs de la vie politique guinéenne.
Le 1er Septembre 2016, a eu lieu au Palais Sekhoutoureya cette rencontre dite historique entre le Président de la République et le Chef de file de l’Opposition. Elle se voulait historique aussi bien pour la vertu inhérente à tout consensus et compromis, que le constat avéré du mutisme de la classe politique en général, singulièrement le silence passif et coupable du chef de file de l’opposition guinéenne.
Oui un silence passif et coupable du chef de file de l’opposition devant le difficile quotidien du guinéen.
Il est à rappeler que la vocation première d’une opposition, maillon important du tissu social, est aussi d’influencer l’exécutif dans le sens de l’intérêt général et donc veiller en temps réel au bien-être des citoyens. Ceci est vrai et doit le rester quels que soient les compromis et compromissions propres à l’arène politique.
Je dois reconnaître que pour imparfaitement que ce soit le contenu d’un accord étant d’espoirs que cela suscite à tort ou à raison même si une telle entente ne puisse d’ailleurs pas être suffisamment représentative de l’ensemble des attentes et des aspirations des populations guinéennes qui ont d’autres chats à fouetter, ne peut en rien phagocyter la demande sociale et le quotidien des usagers du service public.
Nos compatriotes ont besoin de plus que cela et attendent davantage de la classe politique que nous sommes. Naturellement, le chef de file de l’opposition ne peut porter seul la paternité de cette responsabilité mais, de par la loi qui l’investit comme tel et au regard de la responsabilité qui en découle, il ne doit pas rester silencieux devant cette paupérisation grandissante de nos populations dont le pouvoir d’achat est de plus en plus affecté malgré nos performances économique annoncées.
Les citoyens ont besoin du concret au-delà de simples statistiques parfois d’ailleurs erronées.
En l’espèce, nous devons tous et toutes jouer nos partitions quelles que soient nos calculs politiciens et les deals possibles. La finalité de tout combat politique doit demeurer après tout l’amélioration des conditions de vie des populations.
Et donc, les seules conclusions du dialogue qui a tout de même le bénéfice de détendre et d’élargir l’espace politique et social en consolidant la paix et la stabilité nationale, ne peuvent motiver l’indifférence du personnel politique devant cette amère misère des Guinéens.
Oui à l’accord politique mais je dis non à notre indifférence silencieuse, coupable et inquiétante, nous politiques devant le chômage chronique des jeunes, la corruption avec tous les scandales qui éclaboussent çà et là sur le dos de pauvres populations.
Plus encore non au silence du chef de file de l’opposition guinéenne qui devient dangereux, insupportable et coupable de complicité devant l’insécurité qui n’épargne pas aussi l’exécutif avec les derniers développements que nous connaissons tous. Les violences et le viol qui dégradent l’humain se banalisent dans l’imaginaire collectif de jour en jour.
Oui le silence du chef de fil de l’opposition tout comme le premier des ministres et son gouvernement devient intriguant et interrogatif devant la dégradation poussée des services de santé, quand beaucoup de mères, sœurs et filles rendent la vie aujourd’hui en la donnant malgré l’annonce de la gratuité de la césarienne.
Non au silence alarmant de la classe politique devant le difficile quotidien des Guinéens d’un pays qualifié de scandale géologique avec toutes les rentes minières.
Nous devons rester des lanceurs d’alerte face au délestage en vus avant même le pic de la saison sèche malgré les « performances annoncées » de Kaléta même si d’autres barrages s’annoncent.
Chers Guinéens à travers cette triste réalité, je voudrais tout d’abord jouer ma partition, pour ensuite interpeller la classe politique en général, le chef de file de l’opposition en particulier qui est investi d’un statut qui n’est pas des moindres avec des responsabilités évidentes qui en découlent et devant l’histoire récente de notre pays.
J’ai essayé d’être réaliste en dépeignant ainsi sans être pessimiste l’actualité nationale.
Je dois admettre enfin qu’une démocratie sans contradiction est négative et contre-productive.
Mme Yansané Bintou Touré
Présidente du Parti Guinéen pour le Progrès et le Développement (PGPD)